La démarche

La tapisserie, hier

paravent

De production initialement flamande, la tenture occidentale remonte probablement au XIVe siècle. Les privilèges accordés par les rois de France à partir d’Henri IV et leurs commandes somptueuses ont permis aux manufactures françaises de s’imposer très rapidement comme leaders incontestables.

La tapisserie murale permet d’habiller une pièce, de donner un cadre aux conversations ; les motifs se composent souvent de fleurettes ou d’animaux, émaillés de symboles héraldiques.

Mais surtout, elle améliore considérablement le confort des lieux de vie, offrant une meilleure isolation thermique, conservant mieux la chaleur dans les pièces que les murs peints, et protégeant des courants d’air dans les églises et autres grands édifices.

Partie intégrante du mobilier, elles suivaient leurs propriétaires dans leurs déplacements, et pouvaient changer de pièce suivant les saisons, dans une logique bioclimatique.

Ils avaient posé les fondements de l’isolation décorative.


 

La tapisserie, aujourd’hui

 

La tapisserie d’antan, produit manufacturé, est aujourd’hui trop coûteuse pour s’imposer comme une solution viable d’isolation par la décoration, surtout si elle est produite localement et durablement.

Elle est désormais cantonnée au marché du luxe, ou travestie dans des ersatz de piètre qualité conçus industriellement, et a donc laissé la part belle aux murs peints.

Et nous voici, victimes de trois décennies d’urgence productive survenues après guerre, au point où il nous faut repenser nos modes de vies par la synthèse du contemporain et de l’ancien, de la technologie et du savoir-faire artisanal, afin de renouveler nos espaces habités, comme le parc immobilier énergivore construit entre 1945 et les années 70.

En effet, les solutions proposées aujourd’hui pour résoudre ces problèmes ont du mal à s’imposer : elles sont lourdes, techniques, et ont tendance à privilégier une approche fiscale ou pécuniaire pour convaincre les consommateurs.

Parallèlement, les français aiment décorer. C’est même leur premier poste de dépense dans le foyer.

Alors pourquoi ne pas imaginer une approche moderne de la tapisserie, à la fois écologique, économique, esthétique et symbiotique, profitant des dernières avancées sociales et techniques.

PbBati

De l’ère du chêne à l’ère du roseau

 

Lorsque la nature crée la marche, l’Homme crée la roue.

SymbioseRues, routes, autoroutes, il nous a fallu adapter notre environnement à nos moyens de locomotions rudimentaires.

Par nécessité de simplification, nous avons eu, poussés par l’exploitation indue d’énergies humaines ou fossiles, tendance à adapter notre environnement à nos besoins, plutôt que l’inverse.

Mais si hier il nous fallait tailler l’arbre pour faire la chaise, aujourd’hui nous la faisons pousser.

Si hier il nous fallait créer la route pour adapter l’environnement à la roue, nous faisons aujourd’hui des robots pouvant se mouvoir sur tout type de terrains, voire même sur une autre planète.

Il en est de même pour nos espaces habités. Plutôt que de nous adapter
aux contraintes de nos environnements, nous avons produit les artifices nous permettant de transformer notre espace naturel en espace artificiel plus ou moins efficient.

Ainsi, plutôt que de profiter des apports naturels en chaleur ou en éclairage, composantes importantes de la notion de confort, nous avons conçu des artifices entraînant surcoûts, airs viciés, et chocs thermiques.

 

Les coûts

 

moneyComptabilisons tous les frais engagés dans un chantier de rénovation énergétique : il faut d’abord acheter le matériau isolant et son système de fixation, puis le poser derrière une paroi occultante, comme du placo-plâtre, qui sera ensuite enduite pour être finalement peinte.

Alors que nous pourrions imaginer une nouvelle typologie d’isolants esthétiques, ne nécessitant pas d’être cachés derrière une paroi mais qui pourraient être directement fixés sur les structures porteuses, réduisant drastiquement les coûts de mise en œuvre.

 

L’atmosphère

 

Les murs peints, trop souvent blancs, ont tendance à aseptiser nos pièces à vivre. Mais ce n’est qu’ apparence : du fait de leur étanchéité, ils tendent à renfermer l’air intérieur, jusqu’à le rendre vicié. De plus, les matériaux les constituant dégagent généralement des composés organiques volatiles, COV, toxiques pour l’Homme.

Alors que nous pourrions permettre à nos parois de respirer, afin de renouveler continuellement l’air intérieur par de petits échanges avec l’extérieur, sans pour autant créer de différentiels de température ou de courant d’air inconfortable.

 

Les chocs thermiques et phoniques

 

Les défauts des murs peints ne s’arrêtent pas en si bon chemin : à force de vivre dans des thermos aux surfaces immaculées, nous avons perdus l’attention qu’il faut donner aux ambiances thermiques et phoniques. Ainsi, nous avons pris l’habitude de nous déplacer en t-shirt dans des espaces chauffés uniformément à une vingtaine de degrés, causant des problèmes de santé au moindre courant d’air ou à la moindre chute du thermomètre extérieur. De plus, ces surfaces lisses capturent la chaleur corporelle, donnant une sensation d’inconfort thermique lorsque l’on se trouve à proximité, et réfractent les sons dans toutes les dimensions, rendant les ambiances sonores désagréables.

Alors que nous pourrions directement apposer aux structures porteuses de nos espaces des peaux intelligentes, capables de créer les conditions nécessaires à l’obtention d’un confort optimal : de légers différentiels de températures en fonction de l’usage de chaque pièce, et une rugosité molle, permettant une bonne atténuation des dispersions acoustiques.

Comme le décrivait si bien Jean Baudrillard dans le système des objets, les structures d’ambiance domestiques étaient autrefois construites sur ce même principe : la pièce la plus chaude, la salle à manger, disposait d’une large ouverture sur l’extérieur d’un côté, d’une cheminée de l’autre, et était exposée plein sud. On trouvait en son centre une grande table dans l’axe de la fenêtre et du feu. S’agençaient dans les pièces adjacentes le salon et autres pièces à vivre, jusqu’à l’entrée, placée au coin le plus froid. Les chambres étaient quand à elles à l’étage. Ainsi, l’individu rentrait dans son logement par une pièce assez fraîche, avec peu de différentiel de température avec l’extérieur, jusqu’à évoluer vers la salle à manger, où il avait l’occasion de se réchauffer avant de se détendre au tiède salon, pour finir dans les chambres douillettes, chauffées progressivement par le lent échange thermique se faisant entre la cuisine et les chambres d’au dessus.

 

Demain, par DomoDerme

 

DomoDerme a donc pour vocation de proposer une lecture moderne de la tapisserie murale, comme matériau d’isolation et de mise en ambiance, répondant au cahier des charges suivant :

EcoId

Nos solutions doivent être réalisées à partir de matériaux majoritairement recyclés ou produits localement et durablement.

Diagnostic

Ces matériaux ne doivent pas être occultés : ils peuvent être posés à même la paroi.

Etude

Nos interventions doivent avoir des propriétés d’isolation avérées

Symbiose

Nos solutions doivent permettre d’adapter l’isolation d’une pièce très précisément selon son usage.
Il faut donc qu’elles puissent faire varier leurs comportements thermiques, phoniques, hydriques, voir électromagnétiques de façon symbiotique.

Chantiers

Elles ne doivent pas modifier structurellement un bâtiment, et doivent donc pouvoir être posées dans un logement locatif sans l’accord du propriétaire.

EcoCircu

Elles seront, dans la mesure du possible, inclues dans un procédé de fabrication «du berceau au berceau»

 

 

Une culture de recherche

 

Les recherches DomoDerme, menées dans le cadre du programme «Matériaux en Symbiose avec l’environnement» de l’EnsAD Lab, ont pour but de développer des «peaux» intelligentes et esthétiques de mise en ambiance thermique et visuelle, réagissant en temps réel aux modifications de nos espaces, en fonction des paramètres intérieurs et extérieurs.

MouleuseEn plus de l’isolation thermique et phonique, et l’utilisation entre autres de matériaux à mémoire de forme ou auxétiques, ou l’inclusion d’encres thermoréactives, ayant pour but de modifier le comportement d’une paroi en fonction de ses caractéristiques environnementales, il semble important de réfléchir à des solutions d’isolation s’attaquant à une nuisance grandissante : les déperditions électromagnétiques.

Pour cela des procédés de mise en forme et de flocage innovants sont développés afin d’adapter chaque module de mise en ambiance aux contraintes de son environnement.

 

Les tuiles DomoDerme

 

Le relais Emmaüs collecte les vêtements usagés des français pour les revendre dans une logique d’économie sociale et solidaire. Certains des jeans récoltés ne sont pas en suffisamment bon état pour être revendus. Le Relais a donc développé ses dernières années un isolant à base de jeans mis en poussière puis agglomérés en bandes, et réalisés par des personnes en insertion professionnelle. Nous utilisons ce matériau écologique et social pour le blanchir puis le teinter durablement, avec de merveilleuses couleurs naturelles.

De part ses propriétés intrinsèques, les tuiles réalisées avec ce matériau ont un comportement thermique, phonique et hydrique exemplaire, bien supérieur à leurs concurrents, tel que la laine de verre ou de roche.

COP21

 

Les tableaux acoustiques DomoDerme

 

Les steppes sibériennes, scandinaves et canadiennes sont jonchées d’un organisme abondant, mais très sensible à la qualité de l’air : le lichen des rennes. De croissance très lente, il est vendu très cher, et pousse les régions dans lesquelles il prospère à ne pas polluer leur environnement, afin de préserver cette manne financière. Par un procédé que nous avons développé, nous stabilisons et colorons ce lichen avec des produits végétaux naturels, principalement issus du recyclage.

Le lichen, une fois teint et stabilisé, est toujours vivant. Excellent isolant phonique, il survivra ainsi indéfiniment dans vos intérieurs, abreuvé seulement du peu de lumière et d’humidité naturellement présents chez vous.

PanneauLichen

 

La recherche DomoDerme

 

Afin d’aller plus loin dans la symbiose environnement-habitat-habitant, la recherche est au cœur du projet. Entre l’utilisation de matériaux à mémoire de forme et l’inclusion d’encres thermoréactives afin de modifier le comportement d’une parois en fonction de ses caractéristiques environnementales, les recherches menées dans le cadre du programme « Matériaux Complexes en Symbiose avec lʼHumain et lʼEnvironnement » ont pour but de pousser plus loin la logique en proposant des « peaux » réagissant en temps réel aux modifications de nos espaces, en fonction des paramètres intérieurs et extérieurs.

En plus de l’isolation thermique et phonique, il semble également important de réfléchir à des solutions d’isolation s’attaquant à une nuisance grandissante : les déperditions électromagnétiques.